L'Oeil Curieux

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Tag - Musée des Arts Décoratifs

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mercredi 11 novembre 2015

Mes souvenirs étaient plus beaux

Durant leurs années d'école maternelle, mes deux garçons, Matthieu et Aubin, étaient abonnés à L’École des Loisirs.
Chaque mois de l'année scolaire, un nouveau livre arrivait à la maison.

J'étais, et je le suis encore, ravi par la diversité des graphismes et la qualité des récits, tendres ou loufoques, classiques ou originaux.

Je leur ai lu et relu les histoires, avant qu'ils n'aillent se coucher.
J'imagine que le goût de la lecture leur est venu avec ses moments de partage et avec les ouvrages qui peuplaient, petit à petit, leur première bibliothèque.

Comme père, je conserve une tendresse particulière pour les pages dessinées par Alain le Saux.
"La boite des papas" Alain Le Saux
"La boite des papas"
Alain Le Saux

Papa et héros de livres, quel aboutissement !

Parmi les héros de papier, Blaise, le mystérieux poussin masqué, emportait les enfants dans l'univers poétique de Claude Ponti, avec ses textes à la prose inventive.
Blaise © Claude Ponti
Blaise
© Claude Ponti

"Blaise et la tempêteuse bouchée" Claude Ponti
"Blaise et la tempêteuse bouchée"
Claude Ponti

Mais le préféré, pour moi, et, je pense, aussi pour les garçons, était Zigomar, le merle.
"L'afrique de Zigomar" © Philippe Corentin
"L'afrique de Zigomar"
© Philippe Corentin

"Patatras" © Philippe Corentin
"Patatras"
© Philippe Corentin

"L'Ogre, le loup, la petite fille et le gateau" Philippe Corentin
"L'Ogre, le loup, la petite fille et le gateau"
Philippe Corentin

Héros loufoque de Philippe Corentin, qui aime aussi les loups, pas très menaçants, Zigomar nous a fait rire de bon cœur avec son aventure aux pays des légumes.
"Zigomar n'aime pas les légumes" Philippe Corentin
"Zigomar n'aime pas les légumes"
Philippe Corentin

Et résonne encore à nos oreilles, la réponse de Zigomar à un poireau qui l’interrogeait sur la consommation de ses semblables :
« Jamais Monsieur le poireau, c'est trop pouah ! ».

Alors, j'ai été déçu par ma visite de l'exposition sur l’École des Loisirs.
Pas assez de dessins originaux, une place trop importante prise par des installations mettant en scène les personnages de la maison d'édition.

Les enfants ont grandi et n'étaient pas à mes cotés pour écouter mes histoires durant la visite.
Je n'avais pas non plus les yeux d'un enfant, lecteur d'aujourd'hui de l’École des Loisirs, pour apprécier de rencontrer mes héros "pour de vrai".

Finalement, je n'étais simplement pas à ma place dans cette exposition.


dimanche 3 mai 2015

Le jour du porte-parapluie

Voici un titre plein de mystère et en complète harmonie avec un samedi pluvieux.
Mais j'avais aussi la possibilité d’intituler ce billet avec d'autres titres tout aussi cryptiques, tels que "Le crépuscule des Porte-documents" ou "L'invasion des plateaux polymorphes".

Réaction outragée d'un lecteur ou d'une lectrice à cette introduction :
« Cela devait arriver.
L'Oeil Curieux n'a plus de vie culturelle et pour donner le change, il rédige des billets sur ses visites chez Ikéa ou au Bazar de l'Hotel de Ville.
Quelle misère, quelle tristesse de voir décliner ce blogueur au demeurant sympathique! »

Amie lectrice ou ami lecteur (la réaction outragée est anonyme), il faut aller jusqu'au bout du billet avant d'émettre un jugement aussi sévère.
Il est vrai que ma vie culturelle est moins intense depuis quelque temps, mais je ne suis quand même pas réduit à faire passer mes listes de courses pour des billets à vocation plus ou moins culturelle.

Si j'ai bien traîné Rue de Rivoli ce samedi, ce n'est point au BHV mais aux Arts Décoratifs pour y découvrir Piero Fornasetti.

Je ne connaissais pas ce serial designer transalpin, qui multipliait à l'envi les motifs sur tous les supports ou presque (chaises, rideaux, plateaux, porte-documents, porte-parapluies, paravents...).

J'ai été séduit par l'effet de répétition et d'accumulation ainsi que par le choix des motifs, puisés avec curiosité dans l'Antiquité, la Renaissance, l'Architecture, la Faune ou la Flore.
Toute une vie à collecter des « formes » pour un jour, peut être, les utiliser et transformer un objet usuel en un bel objet.

Pour illustrer mon titre, j'ai choisi ces deux superbes porte-parapluies.
© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

Pour rester dans l’ambiance pluvieuse, les lecteurs anglophiles ne manqueront d'y voir une subtile allusion à l'expression idiomatique "It's raining cats and dogs!", qui ne se traduit pas littéralement "Il pleut des chats et des chiens" mais est l'équivalent de notre "Il pleut des cordes".

Pour ranger mes trop nombreuses revues en souffrance, ces porte-revues seraient les bienvenus.
© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

Un chouette plateau rectangulaire et un tentaculaire et circulaire plateau constituent l'avant garde de l’invasion des plateaux polymorphes qui emplit toute une pièce de l'exposition.
© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti

Pour finir sur une note régionaliste et humide, et un clin d’œil à Monsieur Le Borgne, j'ai retenu un splendide exemplaire d'une assiette de la série "Tema e Variazioni", qui métamorphose la cantatrice lyrique Lina Cavalieri en charmante cagouille.
© Courtesy Fornasetti
© Courtesy Fornasetti


samedi 17 août 2013

Pas vraiment pour les enfants

Une exposition de la galerie des jouets, aux Arts Décoratifs ?
L'Oeil Curieux retomberait-il en enfance ?

Que nenni, mes bons amis !
Si Babar et Star Wars ont effectivement été exposés dans cette Galerie, pour un public de charmantes têtes blondes (et leurs parents), l'art de Winshluss me semble s’adresser à un public nettement plus adulte.

L'artiste, Fauve d'Or 2009 au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême pour son album « Pinocchio », utilise en effet le monde de l'enfance, avec ses héros, ses contes et ses jouets pour porter un regard à l'humour décapant sur la société d'aujourd'hui.

Dans ce monde, les enfants sont obèses et se nourrissent mal.
Winshluss, L’enfant à la saucisse, Collection Ferraille Productions © Stéphane Soulié
Winshluss, L’enfant à la saucisse
Collection Ferraille Productions © Stéphane Soulié

Dans ce monde, la petite fille aux allumettes d'Andersen est simplement une dangereuse pyromane juvénile.
Winshluss, "La petite fille aux allumettes", © Luc Boegly
Winshluss, La petite fille aux allumettes
© Luc Boegly

Dans ce monde, Boucle d'Or partage le lit d'un des trois ours, avec un partenaire plutôt inattendu et sans doute pas étranger au sort funeste des plantigrades.
Winshluss, affiche « Monsieur Feraille et les trois ours », 2003     Sérigraphie     © Winshluss
Winshluss, affiche « Monsieur Feraille et les trois ours », 2003
Sérigraphie © Winshluss

Et même le supermarché Ferraille, comme une invitation enfantine à jouer à la marchande, s'avère une critique caustique de notre société de consommation quand on détaille un peu les étiquettes des produits.
Miettes de Dauphin, Supermarché Ferraille
Miettes de Dauphin, Supermarché Ferraille

Et ne cherchez pas du côté des dessins animés l'innocence propre aux gentilles productions de Disney.

Dans un superbe style « Art Déco », « Raging Blues » est un conte de Noël bien sombre.



Monsieur Ferraille, héros d'un cartoon rappelant les productions des Studios Fleischer, utilise, comme un célèbre marin aux avant-bras tatoués, des boites métalliques pour prendre du fortifiant.
Mais la ressemblance est très superficielle !



Quant au documentaire vantant le respect de la nature par l'usine de production de la fameuse huile Meroll friture et moteur, il dépasse en cynisme et en drôlerie toute la propagande, pardon l'information consommateurs, des géants de l'agroalimentaire.



Alors pour les enfants, le monde merveilleux de Winshluss ? Pas vraiment.
Mais pour les adultes et sans modération !


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